Deux entreprises étrangères se sont manifestées pour acheter de l'eau
brute à Madagascar en vue d'une exportation vers d'autres pays. La
première est une société canadienne Aquamar qui a déjà signé un
protocole d'accord avec l'État, il y a à peu près trois ans, pour
l'exploitation du fleuve de Mananara, et ce, avec des études techniques
plus avancées tandis que la seconde, originaire du Moyen-Orient, était
encore au stade de prospection. Mais compte tenu de la crise qui perdure
dans le pays, ces projets sont en ce moment suspendus, a-t-on appris de
source proche du dossier. Ces investisseurs étaient pourtant en train
de se conformer aux procédures réglementaires existantes tout en
réalisant de nombreuses études techniques sur les impacts
socio-économique et environnemental, selon les explications d'un
responsable au sein du ministère de l'Eau. Pour le cas de l'entreprise
Aquamar, elle projette d'exporter 300 millions de litres d'eau du fleuve
de Mananara par voyage en bateau à destination des pays du Golfe.
"Plus précisément, son exploitation porterait sur une partie à 11 km de
l'embouchure du fleuve qui se déverse dans la mer, et cette quantité à
exporter ne représente que 5 % de son débit journalier", a expliqué
un technicien malgache au sein du CNEAGR, le bureau d'études chargé de
réaliser des études techniques de ce projet. La première variante
portant sur la mise en place d'un pipeline tout au long de la piste
reliant Maroantsetra et Mananara avec l'installation d'un terminal sur
la plage a été rejetée en raison des impacts socio-environnementaux
mesurés. Par contre, la seconde variante, qui consiste à mettre en place
le pipeline en dessous du lit de la rivière avec un système gravitaire,
et ce, utilisant une technologie de pointe, a été accordée à
l'investisseur. Notons que cette étude a été réalisée par le CNEAGR et
son partenaire d'origine française. Les retombées économiques attendues
de ce projet concerneraient la mise en place d'une centrale
hydro-électrique à Mananara et le financement d'autres projets
d'adduction d'eau potable, a évoqué le technicien du CNEAGR. De son
côté, cet investisseur canadien entrait en phase d'avant-projet détaillé
tout en voulant réaliser les études de faisabilité financière mais il a
décidé de mettre en stand-by son projet vu le contexte politique dans
le pays. "La fixation des redevances à payer sur l'exportation de
l'eau brute n'a pas été pourtant encore négociée avec l'État", a précisé
le responsable au sein du ministère de tutelle. Quant au second projet
mené par l'investisseur du Moyen-Orient, il n'a même pas pu démarrer
pour suivre toutes ces étapes en raison d'une contestation politique", a-t-il conclu.
Navalona R., Midi Magagasikara – AllAfrica 06-10-2010